C'est en ressortant à l'air moins vicié que je le vis : assis sur une
bassine renversée, le regard en direction de la porte de la cour, immobile,
à l'écart des autres, blanc, à poils longs, mais si blanc, si beau
que j'étais sourde à ce qu'elle me racontait. Il s'appelait Amar, griffait,
mordait, était caractériel, méchant. La directrice du refuge le jugeait
«inadoptable».
Le Prince de ces lieux, pensai-je aussitôt.
Je me dirigeai vers lui très doucement. Il tourna la tête et me fixa
d'un regard de chrysoprase qui me fit frissonner. Ce vert lagon, ce poil
long calcite blanche, ce nez de quartz rose, c'était irrésistible, j'aimai
d'emblée le seul chat parfaitement blanc du refuge. Un chat de conte
de fées qui semblait avoir servi de modèle à l'illustratrice de mon enfance,
Adrienne Ségur. Je pris quelques clichés avec mon téléphone
portable. Il ne bougea pas. J'envoyai les photos sur la messagerie de
Christophe, rangeai l'appareil dans mon sac. Je m'approchai doucement
de lui, posai trois doigts à plat entre ses deux oreilles en lui parlant
doucement, sans trop le fixer. Il se laissa faire. Il ne griffa ni ne
mordit.
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