Que savons-nous encore aujourd'hui de cette légende qui, à partir
du 12e siècle, a connu à travers toute l'Europe tant de versions
différentes, que Wagner a immortalisée au 19e siècle et qui figure
parmi les mythes essentiels de notre imaginaire occidental ?
[...] Rebondissements narratifs multiples, à la dimension épique
évidente et à la charge poétique sans cesse relancée par la présence
intermittente d'un merveilleux issu d'un vieux fonds celtique qui
s'en vient se mêler à la symbolique de la civilisation chrétienne et
féodale de l'époque.
Il était donc tentant, très loin de la forme épurée et sublime que lui a
donnée l'opéra de Wagner, de proposer une version théâtrale de la
légende qui tienne compte bien davantage de cette suite débridées
d'événements.
Et l'idéal pour le faire était certainement le théâtre forain, et plus
particulièrement encore celui de Nele Paxinou et de ses Baladins du
miroir : le côté très populaire et festif de leur démarche, le besoin de
s'inscrire dans la tradition du théâtre itinérant, la magie du grand
chapiteau, la volonté que décor, musique, chants, travail physique
et gestuelle des acteurs construisent avec le texte un spectacle
total, tout convenait à merveille pour que cette histoire touche les
spectateurs d'aujourd'hui comme elle avait fasciné les auditeurs
de jadis, puisque les premières versions en étaient certainement
orales...
(extrait de la préface de Paul Emond)
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