Le travail fait bien souvent partie des non-dits de la société indienne. Est-ce parce que — en concordance avec l’idéologie de caste — les liens qui associent les multiples sujets de l’ensemble social paraissent aux intéressés eux-mêmes plus importants que leurs actes ? Est-ce parce que les producteurs de discours autorisés (et de valeurs) ne portent à la question qu’un intérêt médiocre et sectoriel ? Craint-on, du côté des dominants et aussi des médiateurs, de faire surgir des contradictions et des revendications ? Serait-ce, enfin, que les travailleurs, à la maison, aux champs ou à l’usine, ont longtemps cumulé pauvreté, humilité et bas statut ? Au-delà de discours structurants et spécifiques (tels ceux des syndicalistes et des hommes politiques) qui tentent d’homogénéiser la scène, l’univers des pratiques indiennes en matière de travail apparaît pourtant d’une variété rare et d’une ambiguïté particulière. L’irruption du salariat et l’affirmation de tâches explicitement conçues comme un affrontement avec la nature n’ont souvent fait qu’ajouter de nouvelles dimensions à l’antique complexité. C’est ce que permet d’apprécier la pluralité des angles de vue des quatorze contributions de spécialistes réunies dans ce volume.
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