Transmigrants et nouveaux étrangers
Hospitalités croisées entre jeunes des quartiers enclavés et nouveaux migrants internationaux
Les migrants internationaux pauvres ont compris le refus d'hospitalité des nations riches. Un grand nombre d'entre eux - autour de 200 000 annuellement pour la France, 600 000 pour l'Europe - ne se présentent plus à nous comme é- ou immigrants, mais comme transmigrants. En perpétuel mouvement entre nations, ils sont devenus les colporteurs du capitalisme marchand moderne. Qui serait plus qualifié que les transmigrants pauvres pour offrir aux grandes firmes mondiales le vaste marché des pauvres, leur milieu naturellement proche, en passant en Europe, à leurs risques, des produits totalement hors taxes et hors contingentements ? Les majors de l'électronique du Sud-Est asiatique ne s'y sont pas trompés en développant l'économie mondiale « horizontale » du poor to poor, « l'entre-pauvres ».
À la rencontre des pauvres, ils circulent en France dans les quartiers enclavés, accueillis par des jeunes descendants des immigrants des années 60, qui se reconnaissent de moins en moins dans l'histoire collective que la nation leur propose. Le cosmopolitisme né de ces côtoiements engendre, parmi ces jeunes, une nouvelle sorte d'étrangers qui suivent, sur les chemins européens, les transmigrants du poor to poor, et collaborent aux initiatives des nouveaux migrants internationaux en inaugurant des dispositifs sociaux originaux. Pour certains la route entre les nations, dans un contexte de mondialisation et de transformation des migrations, devient une perspective de « sortie par le bas ».
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