Ce volume collectif interroge les modalités d'élaboration, de diffusion et de perception des souvenirs historiques dans les milieux contre-révolutionnaires français, italiens et espagnols à l'époque contemporaine. Si la tradition historiographique contre-révolutionnaire, en tant que système de pensée, est aujourd'hui assez bien connue, elle ne doit pas dissimuler la multiplicité des usages militants du passé, à l'échelle individuelle ou collective. Pour ne pas rompre le « fil de l'histoire » et transmettre le flambeau aux nouvelles générations, les contre-révolutionnaires ont tout à la fois exalté la légitimité historique des princes et valorisé le comportement exemplaire de ceux qui ont su leur rester fidèles dans l'adversité. La construction de généalogies, d'armoriaux ou d'histoires familiales permet de conjurer la rupture révolutionnaire ou « l'usurpation » dynastique, tandis que les pèlerinages, auprès des princes en exil, sur des tombeaux ou sur des sites de bataille, se doublent souvent d'une collecte de souvenirs et de reliques. Les contributions réunies dans ce volume témoignent de l'émergence, à l'échelle européenne, d'une véritable contre-culture historique, fondée sur la célébration de la fidélité, érigée en vertu politique fondamentale face à « l'opportunisme libéral » et à la « subversion révolutionnaire ». Tout autant qu'aux supports - livres, monuments ou musées -, une grande attention a été portée aux acteurs de cette « histoire en blanc », leurs circulations et leur insertion dans les réseaux contre-révolutionnaires de leur temps.
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