Les saints restent actifs après leur mort par l'intermédiaire de leurs reliques, ces restes de leurs corps qui établissent un lien physique entre ce monde et l'autre. À Rome, les catacombes abritent de nombreuses reliques et attirent des pèlerins. Quand le centre de gravité de l'Occident chrétien se déplace vers le Nord sous les Carolingiens, le besoin se fait sentir de détenir là aussi ces reliques nécessaires à la consécration de toute nouvelle église.
Éginhard, connu pour sa Vie de Charlemagne, fonda non loin de Francfort, à Seligenstadt, une église et une communauté religieuse pour lesquelles il fit venir de Rome en 827 les reliques de deux saints martyrs romains antiques, le diacre Marcellin et l'exorciste Pierre.
Dans les deux premiers livres de sa Translation et miracles des saints martyrs Marcellin et Pierre, Éginhard donne un récit haletant de cette expédition ; il raconte l'enlèvement subreptice des reliques à Rome et leur invraisemblable voyage de retour, qui voit une partie d'entre elles détournée vers Soissons tandis que l'autre gagne Seligenstadt par les vallées du Rhin et du Main. Dans ce récit, les reliques sont convoitées, achetées... ou volées. Après avoir été convenablement installées, les reliques provoquent de nombreux et spectaculaires miracles, objets des deux derniers livres de la Translation. Éginhard y montre la puissance efficace des saints dont il s'est fait le serviteur en se retirant auprès d'elles dans sa communauté de Seligenstadt ; sa Translation se dévoile ici comme son oeuvre majeure, chef-d'oeuvre d'une Renaissance carolingienne à son apogée.
La collection est dirigée par Philippe Depreux, professeur d'Histoire médiévale à l'Université de Hambourg et membre honoraire de l'institut universitaire de France.
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