Pourquoi présenter une exposition sur la base d’un objet dont on ne connaît pas la fonction précise, qui n’est pas une œuvre d’art, ne relève pas de l’art brut, et dont les qualités esthétiques sont discutables ?
De fait, le regard que nous avons porté sur cette « couverture » s’est immédiatement affranchi de ce qui généralement attire l’attention : la signature d’un artiste connu, l’aura d’une célébrité qui l’aurait réalisé, une provenance prestigieuse... C’est bien la couverture elle-même, avec sa singularité et l’histoire de sa découverte, qui nous a intrigué·e·s, captivé·e·s, donné dès l’abord envie d’en savoir plus. Comme si elle était capable, en dehors de tous les codes et malgré sa modestie domestique, de ré-enchanter les regards.
En parallèle, les questions factuelles ouvrent sur d’autres réflexions touchant à la notion de création elle-même, et au statut que l’on accorde aux œuvres en fonction de celui préalablement accordé à l’auteur. Qu’en est-il d’un objet dont rien ne détermine la filiation ou l’usage ? Peut-il être façonné par les regards portés sur lui et les interprétations qu’il génère ? Peut-on accepter qu’il ne soit en rien univoque et qu’il s’affirme comme tel ?
Ce qui a relié les acteurs de ces TRAMES, c’est de vouloir se pencher le plus sérieusement du monde sur cette trouvaille incongrue, et peu à peu, notre imaginaire prenant le relais, mettre en forme les évocations que cette mystérieuse couverture a fait naître.
Commissariat: Eliane Beytrison et Suzanne Rivier
Eliane Beytrison (dessins), Silvano Cattaï (film et photographies), Geneviève Guhl (lectures et photographies), Suzanne Rivier-Devèze (fiction). En contrepoint, d’autres objets témoignent du besoin impérieux de créer lors d’une incarcération réelle (Soha Bechara). Suzanne Chappaz-Wirthner, enfin, développe dans un texte théorique les ramifications que ce textile lui suggère.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.