Etat, arme, passion, douleur, torture, exécution, combat, chasse, massacre, destruction des choses : en quelque douze courts chapitres. Wolfgang Sofsky traite des formes diverses de la violence contemporaine.
Pour ce faire, il recourt à l'un des procédés classiques de la philosophie politique, de Thomas Hobbes et Jean-Jacques Rousseau jusqu'à John Rawls : la petite fiction qui dit, en un bref récit imaginaire, l'instauration originaire d'un ordre et de la violence nouvelle dont il est inéluctablement porteur. Car on trouve dans ce Traité la même interrogation - déplacée, élargie - qui anime la réflexion de Wolfgang Sofsky depuis ses précédents travaux consacrés aux camps de concentration nazis, à l'ordre de la terreur : pourquoi, comment la violence, sous les formes les plus variées, accompagne-t-elle le développement de la culture puisque force est de constater que celle-ci nourrit celle-là ?
Ici, nulle thérapeutique lénifiante n'est proposée. Il y est simplement, uniquement, question d'une clinique : celle, sombre mais décapante, des violences de la culture aujourd'hui.
«Le message du récit mythique laisse peu d'espoir. Il ne spécule pas sur une fin qui serait mise à la violence, il raconte seulement les transformations qu'elle connaît, jusqu'à la fin des temps. La violence est inhérente à la culture. Celle-ci est frappée tout entière du sceau de la mort et de la violence. C'est par la violence qu'elle s'impose et se perpétue ; et c'est elle qui met à la disposition des hommes les moyens de destruction. Bien loin de modeler le genre humain dans le sens d'un progrès moral, la culture multiplie le potentiel de violence. Elle fournit à celle-ci les produits de l'industrie humaine et les institutions, les partis pris et les justifications.»
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