Blessé de guerre en 1918, à l’âge de 21 ans, Joë Bousquet restera allongé jusqu’à la fin de ses jours avec un corps paralysé. Mort sans être mort, il n’a pas quitté sa chambre depuis une vingtaine d’années lorsqu’il commence à écrire "Traduit du silence". Journal intime ou, plus exactement, poème de sa vie intérieure, ce récit lui permet de «purger ses pensées» et de trouver un sentier dont il n’existait que l’idée. Le poète imagine de «contrécrire» pour mieux se connaître et parce qu’il a entrevu un monde «où on parlera sans avoir à rencontrer ces mots qui font saigner le temps». Écrire est pour lui «être déshabillé de sa propre présence» et «se rendre, au-dedans de soi, apte à créer l’ordre que l’on devra subir». En proie à une méditation incessante, sa pensée devient la chair d’un univers aux dimensions et profondeurs imprévues. Il crée une nouvelle géologie du corps qui ne progresse pas d’organe en organe mais de strate de pensée en strate de pensée. Rien n’arrête la pensée qui assimile même le silence: «Pour traduire le silence, il faut vivre au-delà de son propre silence, entendre et retenir toutes les voix qui se taisent en nous.» [...] «Je ne suis ni dans la littérature ni dans l’art. Pas même dans l’amour. Mais je suis dans un conte que mes semblables prennent pour la vie.»
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