Nous n’avons jamais cessé de vivre dans la nostalgie de la langue adamique qui prévalait avant ce que nous prenons pour la « catastrophe » de Babel. De sorte que nous nous enfermons dans le dilemme : ou la langue unique, ou le repli sur nos idiolectes particuliers. Pour échapper à cette alternative ruineuse, François Ost décrit ce que pourrait être la troisième voie du multilinguisme et de la traduction. Un vigoureux paradigme s’en dégage qui, au-delà de la question des langues, s’impose chaque fois que, dans notre monde pluraliste, des savoirs et des valeurs s’affrontent, sans principe supérieur de composition.
De l’antique récit biblique à la politique des langues de l’Union européenne, de la philosophie du langage à l’éthique du traducteur, de l’utopie des langues parfaites à la créativité de la traduction
littéraire, rien n’est laissé dans l’ombre.
Une conviction s’impose alors : parce qu’elle opère déjà au sein de nos propres langues, et pas seulement à leurs frontières, la traduction – cette hospitalité langagière – est notre seule alternative à la barbarie.
Juriste et philosophe, vice-recteur des Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles, François Ost enseigne également à Genève. Membre de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, il a notamment publié Le Temps du droit et Raconter la loi.
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