Les psychanalystes demandent fréquemment aux enfants, lors des séances,
de dessiner. Les dessins constituent un support remarquable d'expression de
l'inconscient : ils sont l'exposition graphique de la complexité psychique du
jeune analysant. Ils reflètent en quelque sorte sa subjectivitée, projetée - et
sublimée - sur la surface du papier. Par ces représentations, les enfants
parviennent à exprimer ce qu'ils ne parviendraient pas à dire, faute de mots
pour le faire. Autant dire que les dessins d'enfant permettent l'ouverture d'un
espace inédit où le désir se déploie, et où l'image inconsciente du corps se
construit.
Plus encore, les dessins participent pleinement de l'élaboration de la relation
transférentielle. C'est pourquoi, lors d'une cure, l'acte même de dessiner
prime sur le contenu du dessin. Il reviendra ensuite à l'analyste de traduire
ces représentations, de les interpréter avec les mots que l'enfant emploie. Mais
il faudra du temps à l'analyste pour apprendre à les lire, à les entendre, à les
interpréter. Il devra s'efforcer de prêter l'oreille à un sens qui demande encore
à être ouvert, à une énigme qui semble toujours résister à son déchiffrement.
Car le dessin fait appel à la mémoire, en construction, du jeune patient et
sa ligne trace, dans le mouvement du transfert, ce dont la parole a du mal
à se saisir. En paraphrasant Paul Klee, on pourrait dire que les dessins
d'enfant n'ont pas à reproduire le visible mais à rendre visible.
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