Premier long récit de Sarah Kirsch, Toutes-Fourrures est sans doute son livre en prose le plus riche et le plus abouti. Ce texte foisonnant paru en 1988 se fonde sur une actualisation de la version germanique du conte de Peau d’Âne (Allerlei-Rauh) des frères Grimm pour faire la chronique du quotidien de l’auteure dans les marais du nord de l’Allemagne tout en relatant des souvenirs de sa vie en Allemagne de l’Est, dans son enfance ou bien au cours d’un été passé chez Christa Wolf dans le Mecklembourg.
Cette chronique qui encadre et ponctue le récit est celle d’un monde menacé par la disparition du vivant, mais aussi d’un destin intime ayant survécu à plusieurs tragédies auxquelles font écho les différents drames de l’histoire allemande, du nazisme jusqu’à la partition du pays en deux États. Elle est conduite par une narratrice qui thématise la multiplicité de ses moi, ainsi que leur porosité avec la nature extérieure.
Entrant en écho avec le récit de Christa Wolf, Scènes d’été (trad. fr. Alinéa, 1990), Toutes-Fourrures rend hommage aux plus grands poètes allemands, de Goethe à Hölderlin en passant par Gryphius ou Klopstock. Salué à sa parution par Marcel Reich-Ranicki, ce récit à l’ironie mordante est marqué par une profonde mélancolie. L’écrivaine y joue avec toutes les ressources la langue allemande, en y infusant son rythme propre, porté par un style tantôt biblique, tantôt poétique ou pathétique, et tour à tour philosophique, archaïque ou familier.
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