Totalitarisme fasciste
Avec l'essor des nationalismes et des populismes en Europe, la
notion de fascisme revient en force dans le débat politique, qu'il
s'agisse, pour les uns, de dénoncer un hypothétique retour des
années trente ou pour les autres, de stigmatiser l'« islamo-fascisme ».
Au moment où les démocraties européennes montrent des signes
de fatigue, il est impératif de revisiter le sens de ce mot en mobilisant
une approche historique et en replaçant ce phénomène politique dans
le pays qui l'a vu naître : l'Italie.
Marie-Anne Matard-Bonucci rappelle ainsi le rôle et la place inédite
de la violence dans l'idéologie fasciste et dans ses pratiques. Une violence
non seulement utilisée pour anéantir les adversaires politiques mais
aussi mise en oeuvre sur un mode génocidaire dans les colonies italiennes.
En étudiant certains domaines peu abordés par les historiens, elle
décrypte l'impact du projet fasciste sur le quotidien des Italiens, le projet
de construction d'un « homme nouveau » conduisant le régime à vouloir
contrôler les comportements, changer les caractères jusque dans la sphère
de l'intime : des usages linguistiques au rire, des loisirs aux affects.
Elle souligne aussi la plasticité de l'idéologie fasciste, l'exaltation de
l'action et du pragmatisme permettant métamorphoses et reniements.
À rebours des idées reçues, Marie-Anne Matard-Bonucci insiste enfin
sur la nature raciste et antisémite du régime mussolinien : l'Italie fasciste
fut le seul État à avoir expérimenté en même temps une politique raciste
coloniale et un antisémitisme d'État.
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