En 1714, craignant la mise en place d’une « oligarchie invivable » dans la ville de Bâle, huit pasteurs proposent l’usage du tirage au sort pour l’attribution des charges politiques. Quatre ans plus tard, cette proposition est acceptée et sera utilisée jusqu’à la fin du siècle.
Intensivement employé dans trois cantons suisses (Bâle, Berne et Glaris) au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, le tirage au sort constitue un outil de lutte contre les manipulations électorales et de gestion des conflits entre les familles dominantes. Loin de son usage démocratique dans la Grèce antique, on observe ainsi dans la Suisse d’Ancien Régime une utilisation de cette technique à des fins de stabilisation et de régulation des élites politiques en place. Par la suite, le XIXe siècle voit l’imposition du principe de l’élection. Dans un monde où la prise de décision collective repose de plus en plus sur la raison, le tirage au sort devient inadapté et disparaît progressivement des institutions politiques, aussi bien en Suisse que dans les démocraties représentatives européennes.
Cet ouvrage traite de ces différents cas d’utilisation du sort en politique dans la Suisse d’Ancien Régime et analyse les raisons de l’instauration puis de l’abandon d’une telle technique. L’histoire oubliée de cette pratique politique montre à quel point ces petites républiques helvétiques ont représenté des laboratoires politiques exceptionnels et permet aussi, par contraste, d’expliquer l’absence du tirage au sort dans les systèmes représentatifs que nous connaissons aujourd’hui.
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