La redécouverte d'Aristote par les philosophes du Moyen
Âge chrétien les confronte à plusieurs thèses incompatibles
avec la révélation biblique, notamment celle d'un
Univers éternel et incréé. Renouvelant un débat présent
chez les commentateurs antiques d'Aristote, puis chez les
penseurs musulmans du XIIe siècle, la controverse
qui s'ensuit au sein de l'Université naissante conduit
aux condamnations de 1277 : l'évêque de Paris interdit
l'enseignement de ces thèses issues d'Aristote.
Cette anthologie rassemble les principaux textes de la
controverse sur l'éternité du monde, l'une des plus importantes
du Moyen Âge. Ils visent à démontrer ou à réfuter
deux positions antagonistes, qui prétendent néanmoins
toutes deux accepter le dogme de la création au début du
temps : 1) il est possible de démontrer philosophiquement
que le monde a commencé ; 2) il est impossible de le
démontrer philosophiquement, car le commencement du
monde ne peut être connu que par la foi.
Contrairement à Bonaventure et, plus tard, à Henri de
Gand, Thomas d'Aquin opte pour la deuxième voie, celle
d'un agnosticisme philosophique partiel, que suivra
Guillaume d'Ockham, et qui préfigure l'agnosticisme
généralisé de Kant dans les célèbres «antinomies de la
raison», cinq siècles plus tard.
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