À la mi-octobre 1898, le carmel de Lisieux fit envoyer à près de deux cents personnes, dont les 140 prieures de France et déjà du monde, un exemplaire de l'Histoire d'une âme, ouvrage tiré à 1 000 exemplaires, destiné à faire connaître une jeune carmélite décédée dans ses murs un an plus tôt. Le bouche-à-oreille ayant tôt fonctionné, grâce au relais des carmels conquis, Lisieux fit tirer 1 000 autres exemplaires tout en préparant une deuxième édition. La machine était lancée. Elle n'allait s'arrêter qu'en 1955, avec près d'un million d'exemplaires vendus, de multiples éditions (dont celle décisive de 1907) et force produits dérivés.
Le couvent de Lisieux - co-auteur, pour une part qu'il s'agit ici de préciser, d'un best-seller religieux en constante évolution - devint rapidement un auto-entrepreneur dynamique, inondant le marché, à la Veille de 1914, de livres, brochures et images.
Ainsi naquit, par le livre, Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Ayant rempli son rôle, l'Histoire d'une âme a cessé d'exister : l'ouvrage, a-t-on dit, a fait son temps. Mais c'est justement ce temps que l'historien se donne pour objet. Il examine les contenus, apprécie les tirages, découvre les actrices, met au jour les intentions cachées et révèle les polémiques tôt suscitées. Il restitue ainsi une temporalité heurtée, marquée par les retombées de la guerre, l'attentisme de l'après-guerre, le sommet de la béatification (1923), le déclin lent mais irrémédiable qui commença avec la canonisation (1925) et s'acheva par une mort annoncée dès 1946. Il demeure toujours en quête d'une Thérèse écrite à plusieurs mains.
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