L'Inde profonde serait ancrée dans un univers de mythes, hors de toute
temporalité. La conscience historique n'y serait apparue que soudainement,
grâce à sa colonisation par les Britanniques au XVIIIe siècle. Telle
est l'idée reçue mise à l'épreuve dans cet ouvrage né de la rencontre
entre trois éminents spécialistes de l'Inde. Polémique, ce livre bouscule
les nouvelles formes d'orthodoxie nées des Post-Colonial Studies.
Pour fracturer quelques-uns des préjugés les plus tenaces sur la sagesse de
l'Inde médiévale et prémoderne, les auteurs s'interrogent sur l'histoire
comme genre littéraire. L'enquête porte sur la littérature indienne écrite
entre le XVIe et le XVIIIe siècle dans les petites villes du sud de l'Inde.
Leur hypothèse : le discours historique n'est pas inscrit dans un récit
particulier et aucun genre n'est assigné de manière exclusive à l'histoire.
Au contraire, la texture du temps se formule dans le genre qui s'impose
à une période. Si «les Purana sont la forme littéraire dominante, l'histoire
sera écrite à la manière des Purana».
Ce livre invite le lecteur à «écouter» les textes. À entendre leur texture
qui «nous mène au coeur de la chaîne et de la trame et nous demande
d'être attentifs à chacun de leurs fils».
Le concept original de «texture» vise à remplacer l'idée qu'écrire l'histoire
serait l'affaire d'un genre unique. Ce livre relance ainsi le débat qui
touche aux formes de l'écriture de l'histoire à l'époque moderne.
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