Que ce soit en raison du développement du temps partiel ou
du passage aux 35 heures, le temps de travail des Français a subi
de considérables transformations au cours de ces dernières
décennies. En fait, la véritable révolution tient peut-être moins
à la réduction du temps travaillé qu'à l'assouplissement de son usage
à des fins étroitement économiques. Le temps de travail s'est
maintenant imposé comme une variable d'ajustement dans la stratégie
des entreprises. Si beaucoup a déjà été dit sur le sujet, rarement
pourtant l'on a pris la peine de situer et d'évaluer les implications
de l'aménagement et de la réduction du temps de travail avec le recul
critique auquel convie la démarche sociologique.
C'est pourquoi le présent ouvrage propose d'abord une mise
en perspective historique et internationale de la situation française.
Avec en arrière-fond une réflexion sur le devenir des institutions,
il met en évidence les multiples contradictions entre temps, pratiques
et groupes sociaux qui accompagnent les politiques de rationalisation
du travail.
Ce livre brosse ensuite une série de tableaux du quotidien des salariés
de la flexibilité : ceux qui travaillent de nuit, ceux qui sont à temps
partiel, ceux qui ne comptent pas les heures passées au service
de l'entreprise... On y voit que modifier les durées et les rythmes
de l'activité professionnelle, c'est bousculer bien plus qu'une simple
routine de travail. C'est aussi aiguiser des conflits organisationnels,
transformer des identités ou encore ébranler toute l'architecture
des relations familiales.
Parce que les métamorphoses du temps de travail emportent avec
elles des bouleversements multiples dans la vie sociale, c'est aussi
à une réflexion sur la place du travail et sur le devenir des institutions
au sein des sociétés contemporaines que nous convie ce livre.
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