Quels sont les effets, au plan de la réalité psychique individuelle,
de la violence qui s'est déployée tout au long du siècle dernier sur
la scène collective de l'histoire ? En quoi les traumas ainsi générés
se rapprochent-t-ils et se différencient-ils des traumas auxquels les
psychanalystes sont confrontés dans leur pratique ordinaire et
les amènent-ils à les repenser ?
Ces questions, Violence d'État et psychanalyse les posaient en 1989,
dans cette même collection, à partir du contexte lié à la dictature
militaire en Argentine. Le présent ouvrage prend en somme la suite,
en retrouvant ces mêmes questions dans différents contextes
historiques (la «Grande Guerre», le génocide arménien, la Shoah),
et posées du point de vue des témoins survivants.
Les auteurs ici réunis travaillent à rendre sensibles différentes
modalités selon lesquelles l'expérience traumatique attaque
l'étayage testimonial sur la psyché de l'autre. Un tel étayage est
au coeur du lien social et de la place de chacun dans le monde
des semblables différents, du fait de la composition relationnelle
de l'être humain.
Il s'agit ainsi d'approcher les récits des survivants aux catastrophes
collectives mettant en cause l'appartenance humaine des victimes
- à les approcher en ce qu'ils obligent à penser la destruction et
la survie, tout à la fois aux plans intrapsychique, intersubjectif et
social (J. Altounian, J.-F. Chiantaretto, C. Trevisan, R. Waintrater).
Il s'agit aussi de rendre compte du dispositif testimonial à l'oeuvre
dans la cure (J.-F. Chiantaretto, P. Réfabert, R. Waintrater) et dans
la construction psychique du Je (J.-F. Chiantaretto, P. Réfabert).
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