Paradoxe
Téléphonez-moi
La revanche d'écho
Quoi de plus simple en apparence que de téléphoner ? Quels rapports à l'autre le téléphone engage-t-il ? Le moins que l'on puisse dire est que le monde contemporain s'est évertué à diversifier et à complexifier ce rapport à l'autre en multipliant les possibilités d'un contact vocal à distance : appeler ou recevoir un appel, le manquer, y répondre ou laisser sonner, prendre un message... Les possibilités sont nombreuses et disent en filigrane la multiplicité des enjeux identitaires et communautaires dès lors qu'on prend un téléphone en main. Celui-ci a subrepticement pris le pouvoir. Alors qu'il se présente de prime abord comme un écho sonore, nous transformant en autant d'Echo, nous nous sommes employés à en faire un reflet de nous-mêmes, à le narcissiser en quelque sorte. Passionnel ou conflictuel, introspectif ou expansif, le rapport que nous entretenons au téléphone se dévoile au prisme du mythe de Narcisse et d'Echo. D'une manière inattendue, se joue le face-à-face (plus ou moins amical) des médias et de la culture. Parce qu'il ne doute de rien, le téléphone concurrence la littérature, allant jusqu'à lui subtiliser ses propres modalités dialogiques, littéraires et mêmes esthétiques. Il suscite un nouvel usage de soi dont le téléphone portable est l'emblème médiatiquement narcissique où se révèlent autant le plaisir d'une parole qui a su se dérober aux exigences de la présence qu'une inquiétude sourde, ce risque toujours latent de perdre le contact avec l'autre. Mais, au téléphone, suffit-il de raccrocher ?
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