Une suture, en botanique, est une ligne
généralement peu saillante qui indique
le point où une rupture doit avoir lieu.
En littérature, c'est le travail fait pour
dissimuler une suppression. Mais même
si elle a perdu sa saillance et se présente
comme si elle n'existait pas, la rupture
reste observable. Il y a de part et d'autre
de la fracture discontinuité et en même
temps homogénéisation sans effacement
des différences. Toutefois, ces différences
s'estompent bien que leur champ garde
ses marques liminaires. La suture instaure
ainsi une mise en relation complexe et
subtile. Deux domaines ont des limites qui
se laissent observer comme si elles étaient invisibles. La suture instaure une
rhétorique du simulacre, du non-lieu, de l'incertitude.
Une épistémologie de la suture rend sans doute compte des relations
problématiques que la sémiotique entretient avec les disciplines adjacentes.
Quel est son rapport avec les sciences naturelles ou les sciences
humaines ? Il nous a semblé que le concept de suture, dans sa complexité,
pouvait caractériser le contact de la sémiotique avec les autres disciplines.
Les chapitres qui composent ce livre exemplifient cette problématique : la
sémiotique y est mise en rapport «sutural» avec quatre domaines adjacents,
l'anthropologie, la rhétorique, la phénoménologie et l'esthétique.
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