À présent que le cinéphage boulimique ingurgite des giclées d'images jaillissant des écrans domestiques, qui se souvient du cinéphile, au sens historique et authentique du mot ? Cet individu bizarre qui courait d'un cinoche de Belleville à un festival italien, achetait un billet d'avion pour être le seul à découvrir à Londres un film d'Edward Ludwig ou d'Edgar Ulmer. Qui pourrait imaginer nos empoignades, Cahiers contre Positif, Mac-Mahoniens contre tout le monde ? Le signal objectif le plus net du déclin puis de la disparition de la cinéphilie est son transfert du champ des activités à celui de I'» archéologie du savoir ». Cela ne signifie pas qu'il n'existe plus aucun obsédé compulsif qui s'emballe pour certains cinéastes, en voue d'autres aux gémonies, se lance éperdument à la recherche d'oeuvres méconnues. Ce qui a disparu, c'est la cinéphilie en tant que phénomène de société, léger sans doute à l'échelle d'une population, mais lourd de sens pour peu que l'on passe du quantitatif à la valeur culturelle.
À quelques exceptions près, Survivant de l'âge d'or se compose de textes inédits sur papier et d'entretiens, notamment radiophoniques, réalisés à partir de 2011. L'ensemble se tient à l'écart des valeurs convenues, de toute pensée obligatoire et du cinématographiquement correct.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.