Sur la voie abrupte, le monde ne reviendra pas.
Il s'éloigne. L'air se raréfie et bientôt tu étouffes, tu cries.
Le monde ne t'est pas donné. Tu veux le conquérir.
La vie, la vie merveilleuse coule au loin là-bas dans la vallée.
La vie miroitante, la vie éclatante, la vie qui s'en va loin de toi.
Le monde devient désert.
Où sont les oiseaux de mon enfance ?
Les merles, les grives, les roitelets, les rouges-gorges, les mésanges à tête noire ?
Les vergers en fleurs, les rivières, les ponts de pierre,
Les eaux ombreuses sous les nuages ?
Toutes ces maisons désertes alignées sur la dune qui était autrefois nue.
Villas vides au-dessus de la plage des goémons noirs.
Les goélands, sept cygnes dans le courant,
Et les corbeaux tiennent dans leur bec une dernière graine précieuse
Avant l'hiver.
Jean-Claude Caër, « Sur la voie abrupte », 2023
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