Sur la rive du Gange, depuis des temps immémoriaux, se
déroule chaque jour le rituel immuable de l'incinération des
morts, ou celui, réservé aux êtres purs - enfants et saints - de
l'immersion dans le fleuve. De ces cérémonies, les domras
sont les officiants : leur caste veille sur le feu sacré qui sert à
allumer tous les bûchers.
Sur les Ghâts où ont lieu les crémations, il est interdit de
filmer, de photographier et même de dessiner, quoique les
animaux y circulent librement et que les cendres des morts,
une fois les bûchers éteints, ne fassent l'objet d'aucun soin
particulier.
Il n'est pas interdit de prendre des notes ; pourtant, en
décrivant minutieusement les spectacles terribles et grandioses
qui s'offrent à lui, mêlés aux réalités les plus triviales de la vie
quotidienne, le narrateur fasciné sait qu'il ruse avec l'interdit.
Comme à Naples et à Rome dans Cimetière des oranges amères
et Natura morta, ses précédents livres, Josef Winkler emporte
en Inde le memento mori qui traverse toute son oeuvre. Écrit
à la lueur des bûchers funèbres, Sur la rive du Gange est
un grand livre sur l'Inde, baigné de joie tragique,
où le romancier relève le défi qu'il s'est lancé depuis qu'il
écrit : celui de ne jamais fermer les yeux face aux réalités les
plus terribles de la vie.
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