Que signifie, pour un poème, le fait d’avoir un sujet ? Dans quelle mesure la tâche du poète est-elle déterminée par l’existence plus ou moins préalable d’une «matière» plus ou moins désignable? Dans quelle mesure les multiples versions de celle-ci (référent particulier, notion générale, thème répertorié, fable racontée, chose représentée) se laissent-elles unir sous une «idée» cohérente de l’invention poétique? Sujet caduc, noble sujet observe la manière dont ces questions se posent à divers poètes de la Renaissance. De Pétrarque à Ronsard, le problème du «sujet de poésie» offre un point de vue sur l’évolution d’un art qui se sent différent des autres, mais parvient mal à décider en quoi. Entre l’incessant tumulte des occasions d’écrire, le souci de trouver un sujet qui «convienne», et le désir de penser «la poésie en général», la hiérarchie des matières possibles est le lieu d’un conflit endémique, dont l’enjeu touche à la place de l’art poétique lui-même dans un ordre du discours que domine la rhétorique de l’éloge. L’attitude des poètes vis-à-vis des «arguments» qu’ils se veulent «libres» de choisir ne cesse ainsi de se déplacer. C’est par excellence le cas de l’amour, à la fois consacré, toléré, récusé comme «principal sujet» de la poésie ; mais chaque sujet concevable, et le concept même de sujet, se trouvent pris dans ce débat. ,
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