Afin de délimiter l'un des lieux du dialogue entre les archéologues et les ethnologues, afin d'en estimer ensuite la portée et les limites, l'auteur, ethnologue, livre au cours de cet essai le type de réponses que sa discipline peut fournir au problème de l'interprétation des figures que nous propose l'art rupestre sud-américain sans ignorer les difficultés épistémologiques engendrées par une telle entreprise. Elle a retenu la figure omniprésente du cervidé dans l'art pariétal des basses terres de l'Amérique du Sud et s'est proposée de dégager les thèmes sous - jacents aux histoires de cerf, de biche et de daguet que content les littératures orales des sociétés amazoniennes. Au fur et à mesure de son développement, cette recherche révélait la nécessité d'un recours à d'autres disciplines: la paléontologie, essentielle à l'archéologie, est limitée ici à une ébauche de la colonisation du continent sud-américain par des immigrés nordiques dont les cervidés et cette ébauche sera soumise à la retaille des spécialistes; en même temps nous ressentions tous les besoins d'une étude zoologique et ethno-zoologique pour préciser les habitants, les formes corporelles, les couleurs et les comportements des cervidés à partir desquels les hommes vont moduler les relations qu'ils entretiennent avec ces animaux. Cette étude menée à bien, l'auteur peut amorcer la recherche proprement ethnologique et s'appuie dès lors sur les pratiques, la science et la littérature orale des sociétés amazoniennes contemporaines ou historiques pour décrire le pôle zoo - ethnologique de la relation des hommes aux cervidés. Pour respecter les limites assignées à cette tentative, des zones d'ombre ont dû être conservées et des analyses raccourcies, néanmoins ce rapide parcours permet de suivre l'homme dans ses fonctions de prédateur et de consommateur, de le voir investir cette relation de liens idéologiques. A travers les constructions successives de l'image des cervidés pour les cultures amazoniennes, l'auteur esquisse enfin la position sémantique du terme "cervidé" dans la pensée mythique et sa signification pour l'imaginaire amazonien. C'est cette symbolique du cervidé qui interroge les archéologues. Le lieu du dialogue ne serait-il pas donné par ces archétypes qu'élaborent les structures imaginaires et qui sous-tendent les réalisations singulières et historiques propres à chaque culture?. Illustration de la couverture: Os gravés et sculptés matsiguenga. Sur l'os du haut sont représentés des traces de daguet rouge, sur celui du bas, les dessins dorsaux d'une carapace de tortue. Les deux os se suivent dans la frange qui orne un bandeau de portage fait sur le rio Picha.
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