Magda : ... Qu'est-ce que t'as ?
Eva : J'ai rien.
Magda : T'as l'air toute flagada.
Eva : Je vais changer d'appartement.
Magda : Tu n'aimais plus là où tu es ?
Eva : C'est trop cher.
Magda : Il t'a augmentée, ce salaud. Il t'a augmentée, ce fumier. Tu me dis qui c'est et moi, tout de suite, je sonne à sa porte et je dis « espèce d'enclume, tu arrêtes de toucher à ma copine ».
Eva : C'est pas lui.
Magda : C'est qui alors ? Si tu sais plus payer, c'est à cause qu'il y a un fumier quelque part.
Eva : C'est Jean-Luc.
Magda : C'est qui, ce con ?
Eva : C'est mon copain.
Magda : T'as un copain ?
Eva : Non.
Magda : Ah.
Eva : Il part. Il dit qu'il en a marre. Marre de mes cheveux, de ma gueule, de mon cul, de mes manies, de mon angoisse, de ma soeur, de mes parents, du chat Félix, des voisins, de la Belgique, de cette ville à la con, de nous deux.
Magda : Ça fait quand même beaucoup.
Magda et Eva prennent le tram ou le bus chaque matin. L'une a toujours vécu à Bruxelles, l'autre vient d'arriver. A force de se côtoyer chaque matin, elles ont fini par se parler et des liens se sont créés.
Eva a la manie de laisser son gsm à la vue de tous. Fatiguée de lui en faire la remarque, Magda lui « fauche » son téléphone pour lui prouver qu'elle a raison. Commence un long « tram-movie », émouvant et drôle, pour deux jeunes femmes que la vie n'a pas vraiment gâtées.
Dans un univers aussi réaliste que poétique, elles finissent par s'influencer mutuellement sans forcément s'en rendre compte. Leurs confrontations les émancipent peu à peu.
Geneviève Damas propose ici un dialogue simple et vivant entre deux êtres touchants, à la fois blessés, motivés et drôles. Une rencontre généreuse, tendre et juste, qui réconcilie avec la vie... et les transports en commun.
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