René Bazin (1853-1932)
"Le brocanteur habitait dans la rue de l’Aiguillerie, l’une des vieilles rues d’Angers, une maison à colombage, à double pignon, qui datait du XVIe siècle.
La boutique n’avait pas d’enseigne ; la porte basse appuyée sur deux marches, les montants et les barreaux des deux fenêtres qui enchâssaient de petites vitres carrées et vertes, étaient revêtues d’un enduit que le soleil, la pluie, les ans, avaient boursouflé par endroits, écaillé en d’autres, et recouvert partout d’une teinte de vieillesse et de misère.
À l’intérieur, l’aspect, était tout autre : la vaste salle était encombrée de ce qu’on est convenu d’appeler des curiosités, débris qu’un siècle lègue à l’autre, friperie dorée, luxe fané, reliques saintes ou profanes, choses déclassées, dont l’histoire, comme celle des hommes, est pleine d’aventures ; objets rarement utiles, quelquefois précieux, toujours chers.
Le simple curieux, le collectionneur riche qui marchande, l’amateur pauvre qui convoite longtemps, achète rarement et marchande peu, se donnaient rendez-vous dans la boutique du brocanteur. On y trouvait toujours ce qu’on cherchait au milieu d’une foule de choses qu’on ne cherchait pas..."
1816 : Stéphanette est la fille d'un brocanteur que personne n'aime, M. Jérôme. Elle fait la connaissance de Jean de Trémière, un noble dont la mère a été guillotinée alors qu'il venait de naître. Les deux jeunes gens s'aiment... Mais la révélation d'un horrible secret va les séparer...
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