Cet ouvrage de Giorgio Agamben a une première qualité rare et évidente : son élégance. Ses quatre parties rassemblent chacune, en autant de «stanze» en prose, des essais discontinus, intitulés Melencolia I ou Narcisse et Pygmalion, ou Œdipe et le Sphinx, qui parlent autant à l'intellect qu'à l'imagination, et que relie un réseau problématique parfaitement cohérent. Le style de l'auteur a cette densité gnomique de la prose atticiste, chère aux «sénéquistes» du XVIIe siècle, qui entre en consonance harmonieuse avec l'oratio stricta des poètes et des philosophes évoqués ou étudiés dans ce livre : Dante et les troubadours, Baudelaire et Nietzsche, Mallarmé et Lacan. Mais cette densité n'est jamais obscure : ou du moins, son obscurité n'est que le prix de l'éclaircissement, de la percée à la fois érudite et philosophique.
Le bonheur d'expression littéraire est ici la récompense du bonheur de la pensée.
Marc Fumaroli
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