Mon grand-père, il a toujours voulu qu'on disperse ses cendres au stade Bollaert, il disait : « Ça fera de l'engrais. » Donc, à sa mort, on s'est pointés avec l'urne, mais le vigile nous a pas laissés entrer avec la boîte. Du coup, on s'est partagé mon grand-père en mettant ses cendres dans nos écharpes. Et au moment de disperser les cendres, une bourrasque les a entraînées vers les toilettes du stade. Mon grand-père, qui passait son temps à crier « Aux chiottes l'arbitre ! », a fini par les rejoindre...
Je l'ai jamais dit à ma mère qui croit que son père repose juste derrière les buts.
Les stades de football sont de formidables laboratoires politiques et poétiques. On y côtoie le pire et le meilleur. C'est le dernier endroit de mixité sociale, le dernier espace où, pendant 90 minutes, vont se côtoyer classes laborieuses et bourgeoisie. Même l'école a perdu cette vocation. Stadium tente de comprendre comment cette passion structure des vies entières à l'échelle d'un territoire en réunissant plus de cinquante supporters du Racing Club de Lens pour une expérience esthétique inédite.
Mohamed El Khatib donne directement à entendre des personnes qui consacrent une part importante de leur vie à l'amour de leur club, tordant le cou à une certaine condescendance à l'égard des amateurs de football, sans alimenter pour autant la mythologie ouvriériste. Trajectoires et témoignages à l'appui, au travers des comportements hyper-codifiés des gradins d'un stade, il agence une partition pour classes populaires qui rend compte de la complexité des valeurs, du lien social et de l'imaginaire que porte cette cérémonie contemporaine du match.
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