Au coeur de Spirale, il y a une maison en Provence, un platane dans le jardin où les heures d'été s'organisent, quand elles ne sont pas passées au bord de la mer. Cette maison, cet arbre, c'est la propriété de Ramatuelle où Anne Philipe, avec
Gérard Philipe d'abord, sans lui après sa disparition brutale à 37 ans, passera tous ses étés.
Roman, poème, récit, ce texte qui convoque la beauté de la nature, la joie et le bonheur qui nous saisissent malgré leur fragilité, n'en est pas moins nourri des événements qui marquent la fin des années 60 : la mort de Che Guevara, le
premier pas de l'homme sur la lune, la guerre du Vietnam... Mais Spirale révèle d'abord et avant tout la détermination d'une femme, qui a perdu l'être cher et qui décide, en dépit de la douleur, d'aimer le monde tel qu'il est.
Les formes dont Anne Colomes parsème le
livre deviennent tour à tour des énigmes, des
contrepoints qui nous questionnent ; des paysages
où laisser s'égarer notre regard.
Arriverai-je un jour, sans effort et sans mensonge,
à accepter que la plénitude d'aujourd'hui, le raisin mûrissant,
les figues éclatées, l'arbre superbe, les enfants, moi-même,
ne soyons qu'un moment ?
Je ne voudrais pas ne pas être née et je voudrais ne pas mourir.
J'ai le désir insensé que le grand mouvement du monde
qui pour un instant m'a fait être humain me laisse prolonger
cet état imparfait.
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