Voici la première traduction française du Soûtra de l'Entrée
à Lankâ (Lankâvatâra) qui, avec le Soûtra des Dix Terres
(Dashabhûmika) et le Soûtra du Dévoilement du sens profond
(Sandhinirmocana), forme l'assise scripturaire de ce qu'il est
commode mais inexact d'appeler l'«idéalisme bouddhiste».
Négation pure et simple des Idées - platoniciennes,
cartésiennes ou «modernes» -, cet idéalisme singulier n'est
pas le contraire du matérialisme car, s'il ramène effectivement
l'être au concept et les choses à la pensée, il n'admet
pas non plus la réalité ultime de la conscience ni de tout ce
qui entre dans les catégories du spirituel : il s'agit plutôt,
comme l'ensemble de la philosophie bouddhiste, d'une
dénonciation rationnelle des limites et dangers du réalisme
naïf qui semble dominer la pensée humaine.
Manuel de réalisation intérieure, le Lankâ décrit la vacuité
de la matière, où il ne voit que des représentations, et la
vacuité du psychique, lequel peut se ramener à autant
d'idées fictives, avant de proposer une méthode contemplative
radicale, fondée sur la «nature de bouddha» en tant que
«claire lumière naturelle de l'esprit», dont le chan/zen et le
tantrisme sont les applications les plus abouties.
La présente traduction, réalisée sur la version chinoise de
Shikshânanda (702), est agrémentée de quelques indispensables
notes que devraient compléter les brillantes
remarques de Fazang du Huayan, assistant styliste du traducteur,
dans ses Mystères essentiels de l'Entrée à Lankâ, à
paraître prochainement.
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