Sous le signe de Cyber-Cybèle
C'est à une poésie du voyage singulier, en soi ou hors de soi, et de l'exploration en profondeur, dans des contrées du dedans ou du dehors, que nous convie Nina Zivancevic depuis son premier recueil en 1981. Ses poèmes en serbe, en anglais ou en français sont parcourus par les reflets miroitants de ses expériences intérieures, de ses trips, mais aussi de ses engagements et de ses observations sur le monde, quand par exemple elle a récemment évoqué son activité de journaliste de guerre en Égypte. La nostalgie du pays natal y côtoie la quête de terres inconnues ; des notes d'ironie ou de dérision y atténuent parfois le lyrisme dramatique du contexte. Dans ce nouveau livre, Nina Zivancevic oppose l'homme-machine, orgueil de la cybernétique, à l'homme-naturel né de Cybèle, déesse de la terre et épouse du Temps. Elle envisage entre eux une alliance plutôt qu'un conflit, comme on le découvrira dans Je n'ai besoin de personne, portrait du superhéros qu'elle souhaite rencontrer, « quelqu'un qui aboie à la lune », mais aussi « quelqu'un qui pense en couleur, qui voit avec ses doigts et qui rêve en marchant ».
On trouvera ici des souvenirs et des événements vécus comme des mythes quotidiens, par une femme attachante « désireuse d'alarmer le regard d'un indifférent ».
Sarane Alexandrian
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