C'est d'abord un livre, Sortie d'usine, qui, en 1982,
«s'impose comme un coup de force» selon le mot de
Pierre Bergounioux. Le roman faisait en quatre semaines
le tour d'une aliénation vécue de l'intérieur, évoquant
le plus terrible - accident, mutilation, aliénation
au travail - et surtout le plus profond des existences
ouvrières : mort à soi-même, enfermement dans une vie
parallèle qui ne croise jamais le chemin de son destin.
François Bon dressait ainsi, dans une langue rare, heurtée,
l'inventaire des abandons et des oublis, au premier
rang desquels celui de vivre. Il affichait la mécanisation
de l'homme amputé de ses sensations, rendu sourd,
indifférent au monde par l'agression trop forte d'un univers
réglé, minuté, totalitaire.
Dominique Viart, François Bon.
Étude de l'oeuvre, Bordas, 2008
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