Le modèle dans lequel s'est formée l'anthropologie classique a résolument
opté pour le discours au détriment de l'image ou de la musique,
rarement considérées comme des formes de connaissance mais presque
toujours comme des objets de savoir. À la réduction de l'art et à des représentations
sociales, voire à des produits culturels qui n'ont plus rien
d'inquiétant, il ne convient pas d'opposer une évasion dans le «mystère»
et l'«ineffable». Les fictions du réenchantement peuvent aussi escamoter
ce qu'il y a de subversif dans l'expérience esthétique.
Contre l'anti-intellectualisme à la mode, cet ouvrage choisit de privilégier
non pas l'affect, mais le percept dans son rapport instable
au langage. En écrivant, en lisant (Mario de Andrade), en composant
de la musique, en l'écoutant (Béla Bartók), en réalisant un film, en
allant au cinéma (Jia Zhangke), en construisant un immeuble, en
l'habitant (l'architecture brésilienne et japonaise), nous avons la possibilité
de faire varier non pas la «réalité», mais bien la relation que
nous entretenons avec elle. Cette expérimentation esthétique apparaît
aujourd'hui comme un acte d'insubordination à l'imposition de normes
univoques.
La démarche ici esquissée est celle d'un réalisme critique qui ne
consiste ni à s'émouvoir davantage, ni à savoir plus, mais à regarder
et à écouter autrement.
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