Nous les avions aimés parce qu'ils étaient beaux,
sales, incultes : les Rockers ! Souvenez-vous,
c'était au XXe siècle. Ils n'occupaient pas encore la une des
médias mais, en revanche, sortaient de putains de disques.
Elvis, Keith Richards, Johnny Rotten, autant d'alchimistes
autodidactes auxquels nous devons notre bonne éducation.
D'orgies sonores en slogans nihilistes, nous imaginions
l'avenir radieux quand, au début des années quatre-vingt,
tout a commencé à aller de travers.
«Pourtant, ces années étaient faites pour nous, elles avaient
été disposées sur notre chemin pour que l'on tombe
amoureux d'une fille qui osait afficher sur ses seins menus
et sans entraves le nom d'un groupe de rock prometteur».
Que reste-t-il aujourd'hui de cette fun, fun music, capable de
faire basculer son auditeur dans un univers de stupre et de
chaos en moins de trois minutes ?
Ceux qui, comme l'auteur, ont passionnément aimé Détroit
au mois d'août, les raviolis froids et survécu au pogo et à
l'amour, se reconnaîtront dans ce reflet d'une génération qui
se réfère à Lester Bangs ou Joey Ramone, comme autrefois
ses aînés à Karl Marx ou André Malraux.
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