Le service militaire obligatoire repose sur une contradiction.
En tant que mode privilégié de la participation du citoyen
aux affaires de la cité, il est à la fois élément et garant de
sa liberté politique. En tant qu'institution disciplinaire,
il le soumet à un système coercitif et l'isole de la société civile.
La nationalisation de la force armée par la conscription introduit
donc une tension irréductible entre citoyenneté et discipline, et
pose concrètement le problème de la liberté politique.
Égalitaire dans son principe, le service militaire ne concerne
pourtant que la frange masculine de la population, l'absence
des femmes dans l'armée répondant à leur exclusion des droits
civiques. L'universalité de l'obligation se trouve par ailleurs
contrecarrée par les stratégies de certains groupes sociaux pour
négocier des conditions favorables.
Plutôt que d'opposer le modèle de conscription républicaine
à la française au militarisme prussien, cet ouvrage s'attache
à montrer comment la Prusse a répondu de manière dialectique
à l'institution révolutionnaire de la violence de masse.
La Révolution française et la Réforme prussienne sont ainsi
appréhendées comme deux moments d'un processus
intrinsèquement transnational.
Cet ouvrage entend mettre à l'épreuve de l'Histoire le problème
politique tel que l'ont formulé Rousseau et Kant, en s'appuyant
sur des sources officielles, des autobiographies, lettres,
chansons, conçues comme articulations subjectives de
la modernité politique.
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