Peu de villes ont autant souffert que Smolensk, incendiée lors de sa conquête par les troupes napoléoniennes puis martyrisée par les nazis, après avoir été le théâtre d'une des plus sanglantes batailles de l'opération Barbarossa. Le nom de cette « Ville héros », qui commande la route des grandes invasions venues de l'Ouest, résonne sans cesse dans l'histoire du pays depuis sa fondation au IXe siècle. Stendhal y écrivit ses plus belles pages sur la « déplorable catastrophe » que fut la tragique campagne de 1812. Patrie de Mikhaïl Cïlinka et de Youri Gagarine, la ville fut également l'un des laboratoires du bolchevisme et de la répression stalinienne. Les victimes de ses tueries de masse sont ensevelies à quelques kilomètres, dans la forêt de Katyri où les bourreaux du NKVD massacrèrent 4 404 officiers polonais au printemps 1410. Soixante dix ans plus tard, en 2010, l'avion présidentiel polonais avec la délégation venue leur rendre hommage s'écrasait près de son aéroport où, en 1943, Hitler aurait dû mourir si la bombe placée à bord de son Focke Wulf Condor avait explosé.
Toujours immortelle derrière sa ceinture de remparts, parsemée des clochers baroques de ses nombreuses églises, cette cité emblématique du malheur russe illustre aussi l'obsession de ses habitants pour la Grande Guerre patriotique, portée à son paroxysme par Vladimir Pouline. Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale et de ses 27 millions de morts est devenu la matrice de celle qu'il a déclenchée en Ukraine.
Conjuguant récit historique et grand reportage, passé et présent, François Malye entraine le lecteur par ce texte enlevé, nerveux et riche en anecdotes, qui croise l'héritage des grands mémorialistes avec un récit personnel inspiré.
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