Lorsque William Jones arrive aux Indes, en 1783, le vaste continent est toujours au-delà de l’ultime frontière de la civilisation. C’est une terre étrange, regorgeant de richesses, abondant en fastes et prodiges, barbare, connue par les seuls récits des rares Européens qui s’y aventurent : commerçants, missionnaires, mercenaires. À sa mort, du fait de ses découvertes, l’Inde est reconnue comme une grande civilisation, à la hauteur de l’héritage antique de l’Europe. William Jones, philologue, traducteur, amateur de poésie, naturaliste, juriste, fondateur de l’école orientale a appris le sanskrit, langue mère de l’Inde, et ébloui par ce qu’il découvre, a révélé la culture indienne au monde étonné. Pourtant, la place de Jones dans l’histoire de l’orientalisme suscite encore une polémique ardente et polyphonique. D’un côté de l’éventail, on trouve la défense éloquente de Jones par Garland Cannon et de l’autre, le réquisitoire implacable dressé par Edward Said. Jones a-t-il sciemment instrumenté ses immenses connaissances pour légitimer le pouvoir colonial ? Ce livre s’emploie d’une part à suivre la construction de la pensée du père de l’orientalisme, et de l’autre, à évaluer le poids qu’elle a eu sur l’historicité de l’Inde, et de l’Europe.
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