Il existe schématiquement deux positions distinctes du problème de la liberté : soit
on pose son existence comme un point de départ, «l'être humain est libre», soit
on la situe au terme d'une activité, «l'être humain se libère». Simone Weil adopte
manifestement la seconde approche, tant il est vrai que son combat vise à libérer les
individus de l'empire de la force. Or, la découverte des spéculations indiennes sur
la délivrance marque les dernières années de la philosophe, ce qui signifie, du point
de vue d'un indianiste, que son parcours personnel rencontre ici les sotériologies de
l'Inde, selon les quatre perspectives ouvertes par sa réflexion. Tout d'abord, il s'agit
pour elle de démontrer que la force forme la nature même des rapports sociaux,
comme son analyse de la machine sociale le lui enseigne. Ensuite, elle explore la
nature idéologique de la langue politique pour en conclure que les idoles de la force
conservent, depuis l'Iliade, leur pouvoir de fascination. De plus, son expérience de
l'usine la persuade que l'oppression économique marque les corps et les âmes des
travailleurs et qu'il faudrait les en libérer. Quand Simone Weil choisit enfin de
devenir l'Ange mystique pour se libérer définitivement de la Force, elle ne ferme pas
les trois autres voies. Au contraire, elle a toujours conscience de situer sa méditation
sur le même plan, celui de l'oppression, pour laisser chaque individu libre de penser
au chemin de sa libération.
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