Jessica, Ophélie, Miranda, Imogen, Audrey, Celia, Cordelia, Marina, Cressida, Viola, Phoebe, Ariel, d’où viennent ces prénoms, de plus en plus répandus dans tous les pays du monde ou presque ? De Shakespeare, il les a inventés, ou trouvés dans ses sources et plus ou moins refaçonnés. On le rencontre sans cesse. Tout le monde connaît son nom, sans avoir forcément lu une ligne de ce qu’il a écrit ou assisté à une seule de ses pièces de théâtre.
On rencontre son visage partout, ses yeux nous fixent, alors que parmi les portraits qui circulent, il n’y en a sans doute pas un seul qui ait été peint de son vivant, et la plupart sont sans doute apocryphes. Les écrivains, les chroniqueurs, les personnes en vue citent à l’appui de ce qu’ils veulent démontrer des phrases qu’il a mises dans la bouche de ses personnages et d’autres qu’il n’a jamais écrites, mais qu’on lui attribue.
Il n’existe pas un mythe Shakespeare, il y en a plusieurs.
Or il a réellement vécu et écrit, de 1564 à 1616, sous deux règnes, celui de la dernière des Tudors et du premier des Stuarts, la reine Élisabeth Ire et son successeur en 1603 Jacques VI d’Écosse devenu Jacques Ier d’Angleterre.
Le présent ouvrage n’a pas l’intention de démythifi er Shakespeare, si ce verbe implique une dépréciation, une volonté de déboulonnage. Il s’efforce au contraire d’expliquer pourquoi le jeune poète et auteur dramatique le plus célèbre du monde a atteint un prestige qui ne fait que s’amplifier au cours des années et qui le situe à une hauteur tellement intimidante qu’elle provoque aussi bien la vénération que le blasphème et l’incrédulité.
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