Quelle est la doctrine islamique du blasphème, injure faite à Dieu, à la religion et au Prophète ? Qu’en est-il de l’interdiction de la représentation figurée de Muhammad ? Peut-on croire ou abjurer publiquement en islam ? Se déclarer athée sans être poursuivi en justice, ostracisé ou livré à la vindicte populaire ? Peut-on penser librement ?
Hamadi Redissi s’appuie sur une littérature méconnue pour restituer les débats sur ces questions qui ont animé les mondes sunnites et chiites du Moyen Âge à nos jours. Il identifie qui a le droit de s’exprimer en religion. Il dégage également les trois ordres qui régissent le domaine de l’expression : ce qui se dit et ne se dit pas, ce qui se laisse voir et ce qu’on retire au regard, ce qui se pense ou ne peut se penser.
Au-delà du débat récurrent entre ceux qui estiment que l’islam est naturellement violent et ceux qui attribuent au seul islamisme les limites meurtrières à la liberté d’expression, cette nécessaire et passionnante enquête historique révèle que « deux islams » s’affrontent pratiquement sans discontinuité depuis l’âge médiéval. L’un, iconophobe, fanatique et belliqueux, a été transposé, et renforcé parfois, par l’État moderne. L’autre iconophile, tolérant et paisible, négocie le droit de s’exprimer, mais n’accorde pas tout.
Professeur de sciences politiques à l’université de Tunis, Hamadi Redissi a publié au Seuil : L’Exception islamique (2004), Le Pacte de Nadjd. Comment l’islam sectaire est devenu l’islam (2007) et La Tragédie de l’islam moderne (2011).
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