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À l’empereur romain ayant une autorité absolue sur ses fonctionnaires, on oppose souvent l’image du roi médiéval aidé, conseillé ou trahi par ses vassaux. L’État antique se serait effondré, brutalement et presque totalement, lorsque ses agents auraient perdu la notion de service public pour lui préférer un engagement personnel rémunéré par une terre.
En réalité, la fonction publique n’a pas disparu avec le dernier empereur d’Occident mais les désordres du Vᵉ siècle l’ont affectée. Elle n’a définitivement succombé qu’entre le milieu du IXᵉ siècle et l’an mil. Pendant cinq siècles, la militia – le corps des serviteurs de l’État – a tour à tour été inventée, favorisée, délaissée et reconstituée.
Sur la longue durée, la fonction publique apparaît comme un cadre administratif qui a épousé avec plus ou moins de bonheur la société de son temps. Si l’union a été fusionnelle à l’époque romaine, c’est plutôt une alliance d’intérêt que l’on décèle aux premiers temps mérovingiens.
Au milieu du VIIIe siècle, les Carolingiens forcent l’aristocratie franque à passer sous le régime de la militia, tandis que, cent ans plus tard, le roi Charles le Chauve ne parvient pas à unir la société médiévale et la fonction publique : celle-ci ne survivra pas à cet échec.
Quatre mariages et un enterrement, voilà qui pourrait résumer l’histoire du service public au cours du premier millénaire...