Ségolène Royal, en novembre 2006, ne s'est pas imposée
grâce aux sondages et la «démocratie d'opinion» ne l'a pas
emporté sur la «démocratie militante». L'auteur a insisté sur
ce point dans la première édition de cet ouvrage paru en
2007. Les raisons principales du choix des militants
socialistes lui semblaient être les suivantes : elle paraissait leur
offrir une vision du monde originale et comblait leur désir de
voir proposer un nouveau modèle politique.
Mais, depuis qu'a éclaté en 2008 la grave crise de la
finance mondiale, le discours que tenait Ségolène Royal en
2006 semble moins d'actualité. De 2007 à 2010, il est
pourtant devenu de plus en plus critique et il est orienté assez
nettement à gauche. Invite-t-il à s'engager dans la voie de la
révolution ? Le pas ne semble pas être franchi. La vision du
monde de Ségolène Royal, centrée autour de la notion
d'«ordre juste», est inspirée de celle de Jean Jaurès. «Le
socialisme, écrit Jaurès, peut être défini : une Révolution
morale qui doit être servie et exprimée par une révolution
matérielle.»
A propos du socialisme et de Ségolène Royal, les deux
thèmes à retenir sont donc : révolution morale et révolution
matérielle. Concernant le premier thème, elle demeure fidèle
à Jaurès ; il n'en est pas tout à fait de même pour le second :
le royaljaurèsisme n'est concevable et ne peut s'imposer que
s'il s'écarte de la social-démocratie et s'oriente véritablement
vers le socialisme.
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