« En Italie, six cent quarante, en Allemagne deux cent trente et une, cent en France, en Turquie quatre-vingt-onze, mais en Espagne, elles sont déjà mille et trois ! » Ainsi s'exclame, admiratif, dans l'opéra de Mozart, le serviteur de Don Giovanni à propos du nombre extravagant des amantes de son maître.
Car c'est bien à cette époque de libertinage que s'édifie l'imaginaire troublant du don Juan cynique et débauché, suivi un siècle plus tard par celui du dandy romantique à la beauté délicate, tout à la fois charmeur et misogyne, ou de l'arriviste qui ambitionne de s'élever socialement par ses succès féminins. Puis, sous toutes ses facettes, on le voit s'épanouir au cinéma et dans la mode, et s'incarner dans la figure du gigolo, du play-boy ou du sex-symbol.
De Don Juan à Mick Jagger, Frédéric Monneyron met au jour des constantes dans la multiplicité des visages du séducteur, notamment l'effémination manifeste, à la limite de l'homosexualité, et la disparition de la femme, réduite à une abstraction par la répétition de la conquête. Réflexion sur les genres, cette brillante analyse d'un éros masculin qui se voudrait irrésistible montre que, pour vaincre le « deuxième sexe », celui qui séduit doit lui-même accepter d'être vaincu, et céder souvent à sa propre féminité.
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