«Agent double !» Tel est celui à qui l'on croit pouvoir faire confiance alors qu'il œuvre contre nous. C'est ainsi que l'on perçoit les sciences aujourd'hui : elles règnent dans bien des domaines mais, en même temps, elles suscitent rejet et soupçon. De la dénonciation de la sélection par les mathématiques à l'école aux questions soulevées par les avancées de la biologie, la méfiance grandit.
«Agent double.» C'est aussi celui qui est performant dans des registres différents. Ce deuxième sens convient bien aux sciences : non seulement elles cherchent à comprendre la nature et la raison, mais elles se développent en étroite affinité avec notre culture et notre sensibilité. Pourtant, cela, nous l'avons oublié.
L'opposition entre les sciences et les lettres, le géomètre et le poète, la raison et les arts a pris force d'évidence. Si l'on n'avoue pas volontiers ne rien entendre à la littérature ou à la peinture, il n'est guère choquant de proclamer son total désintérêt pour les sciences. Retraçant la genèse de cette opposition, Vincent Jullien démontre avec clarté, exemples à l'appui, que rien ne la justifie. Pis, elle est dangereuse. Si l'on veut contester les abus de pouvoir de la science, il faut commencer, dans l'enseignement en particulier, par l'intégrer dans une culture commune.
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