On s'avisera peut-être quelque jour lointain, que la «quatrième de couverture» est sinon apparue, du moins devenue de règle à peu près à l'époque où les législateurs contraignirent les fabricants à indiquer clairement la nature et la composition des produits qu'ils proposaient aux consommateurs. Ceux-ci, qui en disconviendrait, ont en effet le droit élémentaire de savoir ce qu'ils acquièrent. Mais le consommateur de livres n'est que rarement un lecteur.
Ce livre est destiné par essence à des lecteurs, capables, et surtout désireux de se soumettre à son rythme haletant, lancinant, obsédant, et disposés à s'engager complètement dans l'un de ces états de conscience dont notre placide état de conscience quotidien a pour fin de nous éviter les séismes. Dans le vertige qu'ils éprouveront parfois, je ne doute pas qu'ils reconnaissent celui qui s'empare quelquefois d'eux au bord de leurs propres gouffres, d'où nous avons hâte de détourner les yeux.
Aussi bien Sarcophage, texte violent, difficile parfois, ne se laisse ni résumer ni classer dans un genre littéraire déterminé. Otto Ganz a bien voulu me fournir quelques précisions sur les circonstances qui furent à l'origine de cet ouvrage ; en raison de leur caractère confidentiel, je ne me sens pas fondé à les divulguer. Je ne dirai donc rien sur un texte qu'il mit si longtemps à expulser de sa chair et de son esprit, lui laissant le soin de s'en ouvrir, s'il se trouve à présent capable d'évoquer sereinement une épreuve que peu d'hommes ont connue. Entrouvrir un sarcophage, c'est violer un secret et risquer de vouer à la décomposition cela même qu'il devait en protéger. Mais quel lecteur véritable, si épris de la vie qu'il soit, n'est à ses heures quelque peu nécrophage...
André Beem
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