Samuel Beckett, l'art du noeud-dire
Beckett est un nom que notre époque ne saurait oublier. D'abord parce qu'il aura entrepris la plus grande opération de subversion de la littérature occidentale. Ensuite parce que la charge énigmatique de sa lettre poétique n'a de cesse d'apostropher l'existence pour la questionner. C'est principalement ce qu'il a en partage avec Lacan, dont le défrichage du dire occupe les psychanalystes, leur ouvrant des voies fécondes de traitement dans la clinique. Ici aussi, subversion au coeur de l'époque...
Beckett, c'est avant tout une façon singulière de nouer l'existence à la jouissance d'un vivant, ce que Lacan appellera LOM. Beckett sera donc à ce titre un nom de sinthome de LOM... Mais ce ternaire suffirait-il si ne s'y introduisait le dire comme quatrième tension nouante ?
Poursuivant un travail implacable et sans relâche, Beckett, pour vivre et faire scène rigoureuse au parlêtre, s'avançait dans la plus dense obscurité. Épris de logique, traquant la langue pour faire sonner l'os du dire, il écrivait à tâtons la singularité d'un nouage subjectif original... Lacan, au même moment, soutenait l'importance de savoir reconnaître un noeud borroméen dans le noir.
Si Beckett est, comme l'avance son ami Cioran, un être-en-dehors, il intéresse par sa concision, par son miniminimitable, le singulier qui s'extrait de chaque cure psychanalytique.
C'est l'enjeu de notre propos.
Bruno Geneste
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.