En 1792, à 22 ans, Saint-Just, le plus jeune député de la
Convention, se fait connaître par son discours lors du procès
du roi, affirmant : «On ne peut point régner innocemment».
Dès lors, sa vie se confond avec les aléas de la Révolution.
Moins de deux ans plus tard, le 9 thermidor, il est condamné
par cette même Convention, qu'il affronte, des heures durant,
silencieux et bras croisés. Le lendemain, il est guillotiné.
Rimbaud a écrit ses poèmes en l'espace de quelques années,
de 16 à 21 ans, dans les éclats de la fin de l'Empire, de la
guerre franco-prussienne, du soulèvement de la Commune
de Paris puis de son écrasement, et du retour à l'ordre.
Après, il tourne le dos à la littérature, voyage et disparaît
aux confins de la corne d'Afrique, avant de revenir, malade,
se faire amputer et mourir à Marseille.
Parcours fulgurants, destins exceptionnels. Par-delà leur
jeunesse, le silence dédaigneux de la fin, ils se rejoignent
dans le projet, au croisement de la politique et de la poésie,
de régénérer les êtres et le monde. Ce livre voudrait proposer
une lecture croisée de l'oeuvre et de la vie de Rimbaud et de
Saint-Just, autour de quelques moments-charnières et de thèmes
communs - la fraternité, l'harmonie, le bouleversement de
la société - en les réinterrogeant à partir du silence final.
L'ambition est de mettre à jour les correspondances entre les
deux hommes et de donner envie de les lire et de les relire,
en montrant la radicalité et la force de leur action à la
lumière d'aujourd'hui.
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