De Claude Tïllier (1801-1844), on ne retient, aujourd'hui, que son roman Mon oncle Benjamin que le film d'Edouard Molinaro (1969) a popularisé. C'est oublier de lui, et l'ardent journaliste, rédacteur en chef de L'Association, journal créé avec l'appui de George Sand et de son ami Michel de Bourges, et le pamphlétaire qu'il fut !
Pamphlétaire redoutable, admirateur de Paul-Louis Courier et des révolutions de 1789 et 1830, il se proposa, sous la monarchie de Juillet, d'« escarmoucher avec l'ennemi » en la personne de deux institutions alliées : le pouvoir politique et l'Église. Il se veut le défenseur des opprimés : « J'ai toujours pris parti pour le faible contre le fort », déclare-t-il. Il attaque le fanatisme de certains prêtres, dénonce la recrudescence des miracles et du culte des reliques, la prétention de la religion à vouloir régenter les consciences. L'affaire Sainte-Flavie, en 1843 lui offre l'occasion d'exercer sa verve caustique !
Le 17 septembre 1905, année de la promulgation de la loi de séparation des Églises et de l'Etat, la ville de Clamecy érigeait un buste en mémoire de Claude Tillier. Au milieu d'une foule immense, et en présence de Bienvenu-Martin, ministre de l'instruction publique, Jules Renard prononça le discours officiel. « Je parlerai, dit-il, avec respect, d'un homme qui fut sincère, jusqu'à mourir - malgré tout son talent - comme il avait vécu, pauvre, intègre, isolé, véridique et libre. »
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